Des micro-usines pour réduire la pollution plastique

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Evénements Par Jérôme MEYRAND Publié le  19/03/2024
Des micro-usines pour réduire la pollution plastique
La micro-usine développée pour BGS RecyPlast à Conakry en Guinée. Tenant dans un conteneur, elle assure la fabrication de pavés routiers en plastique recyclé.

Le navire français Plastic Odyssey sillonne actuellement le monde pour lutter contre la pollution en déployant des conteneurs-usines, permettant de produire aussi bien des objets à partir de déchets en plastique que du carburant.

Une usine flottante pour une bonne cause. Avec sa coque bleue et blanche, cet ancien navire de recherche océanographique totalement rénové parcourant le monde est de celui de Plastic Odyssey. L’association marseillaise s’est lancée dans une expédition sur trois continents afin de trouver des solutions contre la pollution plastique. Le 1er octobre 2022, le navire MV Plastic Odyssey est parti de la cité phocéenne pour faire route vers les régions les plus touchées par la pollution plastique.

L’association fondée par Simon Bernard et Alexandre Dechelotte souligne que ce navire laboratoire de 39 m doit « permettre à des gens de gagner leur vie grâce aux déchets qui envahissent les villes ». Faire du déchet une opportunité, voilà ce qui anime l’équipe de Pastic Odyssey, dont le projet est financé par du mécénat d’entreprises.

Pour Simon Bernard, il faut agir sur terre, avant que les déchets ne soient déversés dans l’Océan. Pour cela, lui et son équipe comptent « nettoyer le passé » en favorisant le recyclage du plastique qui a été produit et « construire le monde d’après » en réduisant la production de déchets plastiques.

Une mini-usine de recyclage de 200 m² à bord

En lançant une mission d’exploration dans les zones les plus touchées par la pollution plastique, l’association s’est donnée comme ligne directrice : « Trouver des solutions pour lutter contre la pollution plastique et tester de nouveaux modèles, à petite échelle, pour ensuite les répliquer sur d’autres territoires. » Trente villes accueilleront le navire bleu et blanc, sur trois continents. Le projet tient également à impliquer sur place les entreprises et les industriels pour réduire l’utilisation du plastique.

Pour donner une seconde vie aux déchets, le navire Plastic Odyssey abrite une véritable mini-usine de recyclage de 200 m². A cela s’ajoute un dispositif de pyrolyse embarqué. Ce procédé, qui consiste à chauffer le plastique sans oxygène pour casser les longues molécules polymères et en faire des molécules plus légères, sera ensuite utilisé lors des escales afin de produire du carburant consommable directement à bord du navire.

A l’arrière du navire, l’atelier comprend un ensemble de machines pour mettre en œuvre le process complet de recycle du plastique. Atelier pouvant être dupliqué sur terre. En effet, cette mini-usine rassemble dans un conteneur toutes les machines nécessaires à la transformation d’un déchet en nouveau matériau ou en objet. « Des outils simples d’utilisation, sans brevet et à taille humaine, précise l’association. Les configurations des machines sont standardisées, modulaires et s’adaptent aux besoins de chaque entrepreneur. »

Traiter jusqu’à 600 tonnes par an de déchets plastiques

Ces Local Factories permettent de traiter entre 200 et 600 tonnes par an de déchets plastiques. Et trois configurations de ces unités de transformation sont possibles. Une configuration qui permet de fabriquer des profilés de taille et forme différentes à partir de déchets plastiques recyclés. « Les profilés permettent de produire, par exemple, des palettes de transports. » Le conteneur comprend un broyeur, une extrudeuse et un barillet. Placé directement à la sortie de l’extrudeuse, le barillet permet de fixer plusieurs moules de profilés afin de faciliter la mise en forme du plastique fondu. Une seconde configuration assure la transformation des déchets plastiques en de nouveaux objets. L’unité est constituée d’un broyeur, d’une extrudeuse et d’une presse.

Le navire de l’association Plastic Odyssey, un ancien bateau de recherche océanographique, abrite à l’arrière un atelier de recyclage du plastique de 200 m².

Enfin, le troisième Local Factory vise à transformer les déchets plastiques non-recyclable en carburant afin d’alimenter en énergie d’autres unités de transformation. Le conteneur abrite un broyeur et une pyrolyse. La pyrolyse est alimentée en déchets plastiques broyés. Ils entrent dans un cylindre horizontal chauffé où ils vont fondre et se transformer en une pâte malléable. A l’intérieur, une vis sans fin achemine le plastique fondu vers une cuve, appelée réacteur. Le plastique y est chauffé jusqu’à être réduit et transformé en gaz. Puis, ces petites molécules vont être condensées pour obtenir le carburant liquide. Plastic Odyssey indique que 70 à 80 % de la masse de plastique traitée est transformée en pétrole, le reste tombant sous forme de résidus solides (5 à 10 %) au fond du réacteur ou bien il est transformé en gaz (15 à 20 %) qui peut être utilisé directement pour chauffer le réacteur.

Conteneurs-usines clé en main

L’association va encore plus loin dans son projet et propose trois formats pour « décupler l’impact ». Une incubation d’entrepreneurs pendant les escales : deux semaines de formation intensive en présentiel et à bord, des conférences et événements sur plusieurs thématiques : recyclage, entrepreneuriat, pollution. Il est également question de business meetings avec investisseurs, clients et fournisseurs locaux, décrit le dossier de presse de l’expédition.

Pour la fabrication et l’implantation de conteneurs-usines clé en main, l’association met à disposition des kits de lancement, incluant un business plan, kit de communication, EPI et formations. Enfin, l’Academy by Plastic Odyssey se présente comme une formation en ligne afin de découvrir le recyclage et ses métiers.

La première action de terrain a embarqué l’équipage du MV Plastic Odyssey en République de Guinée. L’expédition est venue en soutien de l’entreprise guinéenne BGS Recyplast (Binedou Global Services). L’usine de recyclage conteneurisée implantée à Conakry produit des pavés routiers à partir de déchets plastiques.

Des pavés routiers en plastique recyclé en Guinée

Depuis 2018, cette entreprise de la République de Guinée fabrique de façon artisanale une centaine de pavés routiers par jour, à partir de déchets plastiques ramassés dans la ville de Conakry. La fondatrice de l’entreprise artisanale Mariam Mohamed Keita, qui s’était rendue à Paris, en décembre 2021, grâce à une mission de réseautage organisée par l’Ambassade de France en Guinée, avait pu rencontrer Jean-Baptiste Grassin, responsable de projets terrain et Tom Bebien, responsable développement de la solution Local Factories. « Nous avons immédiatement été séduits par son projet. Nous avons d’abord étudié à distance pour valider son potentiel de développement, puis elle nous a invités à découvrir son entreprise en Guinée. », racontent-ils, dans un article de Cédric Stanghellini, publié sur le site Internet de l’association.

Les machines nécessaires à la transformation d’un déchet en nouveau matériau ou en objet ont été développées par Plastic Odyssey, dans une démarche low-tech et toutes disponibles en open source.

Dès février 2022, une mission est lancée à Conakry, en Guinée, pour « établir un état des lieux de la situation locale en termes de gestion des déchets, apprendre du contexte et observer l’environnement de travail de l’entreprise BGS », raconte Tom Bébien. Avec Jean-Baptiste Grassin, ils relèvent plusieurs points d’amélioration : le rendement de process, l’automatisation de la production, l’optimisation de la sécurité. Un dispositif technique associé à un modèle économique sont alors proposés à la fondatrice de BGS Recyplast.

Pâte malléable

Au cours de l’été 2022, le premier conteneur-usine de Plastic Odyssey est construit avec, à l’intérieur, tout le matériel nécessaire pour transformer de façon semi-industrielle les déchets plastiques de Conakry en trois formats de pavés. Ces machines de recyclage prêtes à être utilisées ont une capacité de production d’environ 600 pavés par jour, c’est six fois plus que ce que produisait l’entreprise de Mariam. Monté à bord du MV Plastic Odyssey, le conteneur est parti pour la Guinée en octobre 2022. Il sera livré à la mi-décembre 2022 sur le site de production de BGS Recyplast, en banlieue de Conakry.

La micro-usine conteneurisée comprend un broyeur afin de réduire les déchets plastiques en copeaux, un mélangeur plastique-sable pour homogénéiser le mélange plastique et sable. Le mélange est ensuite versé dans la trémie de l’extrudeuse. Cette dernière vient fondre la matière plastique afin de former une pâte malléable, qui sera ensuite mise en forme et refroidie pour créer les pavés. Quatre presses hydrauliques et pneumatiques viennent mettre en forme les différents pavés en matière plastique dans des moules. Mais d’autres équipements annexes se sont ajoutés au sein de la micro-usine, tels qu’un système d’aspiration et de ventilation, qui permet d’extraire les potentielles fumées issues de la chauffe du plastique, un établi de travail et une armoire de stockage des outils et du matériel, des EPI et tout le matériel nécessaire à la maintenance des équipements.

Le nouveau process proposé à Binedou Global Services va aussi lui permettre de gagner en productivité. « Avec un temps de travail effectif de 7 heures, la production peut atteindre plus de 500 pavés par jour, détaille Plastic Odyssey. Sur la base de 280 jours travaillés par an, c’est plus de 140 000 pavés en plastique recyclé qui sont produits chaque année, soit environ 100 tonnes de plastique recyclé. » L’atelier-conteneur nécessite toute de même six à huit postes, répartis entre la gestion globale, les approvisionnements, la préparation de la matière, la transformation puis les livraisons.

Des micro-usines pour réduire la pollution plastique
Jérôme MEYRAND - Rédacteur en chefFormé aux microtechniques, devenu journaliste en blouse bleue, passé par l’ESJ Lille.

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